DraftCity vous propose d'analyser quelques aspects de cette comédie noire britannique, fraîchement disponible sur Netflix
After Life, une comédie signée Ricky Gervais
Après avoir connu un succès récompensé, entre autres, de deux Emmy Awards pour avoir incarné David Brent dans la série pionnière qu’il a dirigé, The Office, Ricky Gervais a imbibé la comédie britannique de quelques caractères typiques des appréciations humoristiques d’Outre-Manche, des caractères d’autant plus sombres que humains, en réalité. Il a donc créé la comédie noire After Life, dont la troisième saison est fraîchement sortie sur Netflix.
Ricky Gervais y incarne Tony Johnson, un rédacteur travaillant pour le journal local de la ville fictive de Tambury, en Angleterre. Tony a perdu sa femme, Lisa, terrassée par un cancer durant les événements antérieurs au commencement de la série. Veuf dans la quarantaine, Tony est un journaliste aigri, alcoolique, suicidaire, ayant décidé de faire subir son deuil autour de lui en adoptant un comportement antagoniste, désagréable voire outrageusement insultant envers tout le monde, y compris son propre entourage.
Cet article démontrera que cette comédie, aux apparences inhumaines et horribles, nous ramène pourtant vers nos composantes les plus intimement humaines qu’elles soient, et ce en quelques points sur des éléments majeurs de After Life.
Une comédie dictée par la misanthropie
Le personnage de Tony Johnson est l’archétype du misanthrope moderne. Lorsqu’il est au bureau, il se moque ouvertement de l’embonpoint de son ami Lenny, il dénigre constamment Cath, une autre collègue bruyante et lente d’esprit. Il lui arrive d’être ouvertement condescendant et réducteur envers les locaux qu’il doit interviewer pour le journal et envers Pat, son facteur fouineur et indiscret. Tony décrit cette attitude, alors qu’il est réprimandé par son patron et beau-frère, Matt, comme un superpouvoir. Selon lui, les gens mauvais profitent de la gentillesse d’autres personnes, comme Matt, et tournent tout cela à leur avantage. Il convient cependant de se demander si cette qualification est juste, ou non.
La place prépondérante de la solitude
La mort de sa femme a conduit Tony à s’isoler du reste du monde, sur lequel il préfère jeter des pierres. L'amour lui ayant été retiré, il ne lui reste que la solitude. Son seul réconfort s’avère être son chien et meilleur ami, Brandy, et les quelques vidéos de sa femme, Lisa, qu’il visionne constamment sur son ordinateur. Pourtant Tony n’est pas le seul personnage à connaître cette solitude. Son beau-frère, Matt, traverse une période difficile au sein de son mariage lors de la deuxième saison, l’amenant à consulter le même psychologue que Tony et à dormir dans son bureau. Ray Johnson, le père de Tony, est un veuf atteint de démence, vivant seul dans sa chambre, à la maison de retraite locale. Un dernier exemple similaire serait celui de Julian, un homme vivant dans la rue et ayant sombré dans la drogue depuis la mort de sa petite-amie, ce qui nous amène au point suivant.
Les scores sauvages du jeu de l’alcool et de la drogue
Ce point est démontré de deux façons. D’une part, dans pratiquement chaque épisode, Tony est vu avec une bouteille de vin, un verre de whisky ou une pinte de bière à la main. Bien que la culture de l’alcool soit toujours très forte au Royaume-Uni, ce goût prononcé pour la boisson de Tony ne passe pas inaperçu auprès de son entourage, exaspéré par une telle consommation. D'autre part, le personnage de Julian a été mentionné dans le point précédent, son amour déchu par la solitude l'ayant conduit à consommer de la drogue. Les personnages de Tony et Julian, bien que différents en apparence, revêtent donc quelques similarités. Par ailleurs, Tony, désirant se libérer de ses pulsions misanthropes et de son deuil, invite Julian à consommer de l'héroïne avec lui à quelques reprises. Cette même drogue sera la cause de la perte de Julian, et comme si ce personnage n'était pas déjà un point transitoire idéal, il nous ouvre la voie vers l'élément qui suit.
Le regard direct et indirect de la mort
Le début de la série montre plusieurs fois Tony tentant de se suicider, des tentatives toutes échouées à la dernière seconde par divers évènements. Il est aussi évident que la mort de Lisa, sa femme, est un point corollaire de la comédie. De plus, Tony, ayant sympathisé avec Julian, celui-ci appelant la mort de pleins souhaits, décide de donner l'argent nécessaire à Julian afin qu'il puisse se procurer une dose mortelle d'héroïne, ce qui conduit éventuellement à son décès. Enfin, Tony affronte la mort dans son entourage une seconde fois lorsqu'il apprend le décès de son père, dont le départ soulagera son fils, conscient que son père est enfin parti en paix. C'est la seconde personne que Tony perd à cause de la maladie.
After Life, une touche d'humilité
Cette comédie nous rappelle que le chagrin, qu'il provienne de l'amour ou non, peut mener à se refermer sur soi-même, voire à
s'acharner contre l'entière espèce humaine. Arrivé à ce cap, l'homme recherche alors tout ce qui peut lui sembler soulageant, comme la haine, l'alcool ou encore la drogue. Cependant, il n'est jamais à l'abri de la mort, qui traverse la porte de quiconque lui semble prête pour partir vers l'au-delà ou vers les enfers, peu importe si elle est souhaitée ou non. After Life peut être vue comme une mise en garde contre la perte de contrôle des sentiments, qui peuvent se révéler beaucoup plus puissants que la raison.
C'est sur cette sévère note aux teintes exagérément sinistres,
Que DraftCity vous remercie chaleureusement pour votre lecture,
L'équipe toute entière vous souhaite une bonne fin de journée !