Il a toujours été de bon ton que d’être bien habillé. La tenue vestimentaire détermine notre personnalité et peut aussi refléter un rang social. De la même manière, la couleur et le style des vêtements que l’on porte peuvent avoir un impact sur la manière dont nous sommes perçus par nos interlocuteurs.
Cependant, nous n’avons jamais eu autant de vêtements dans nos placards que depuis ces dernières décennies. La consommation de vêtement a doublé depuis 1980 et elle ne cesse d’augmenter ; à tel point que l’industrie textile devrait représenter le quart des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère d’ici à 2050. Par ailleurs, les revenus de cette industrie sont passés de 1 000 milliards à quasiment 5 000 milliards en l’espace d’un quart de siècle.
« FAST » WHAT ?
La Fast Fashion, c’est littéralement la « mode rapide », ou en quelques mots, la consommation massive de vêtements, que l’on renouvelle rapidement. Par an et en moyenne dans le monde, c’est 5 kilogrammes de vêtements qui sont « consommés » par habitant. Ce chiffre paraît peu, mais il est bien plus élevé dans les pays développés où la consommation vestimentaire peut atteindre les 10 à 26 kilogrammes.
COMMENT EXPLIQUER CETTE AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION ?
L’une des raisons principales réside dans le fait que l’industrie textile est délocalisée, dans des pays où le prix de la main d’œuvre est peu cher et où les normes environnementales sont bafouées. Au Bangladesh par exemple, le taux horaire main d’œuvre d’un ouvrier du textile est de 0.32 dollars. Bien que le coût de la vie et le salaire de base soit inférieur dans ces pays, cela représente une somme dérisoire. En faisant le calcul, on serait à environ 50 dollars/mois, là où le salaire décent dans ce pays s’élève à 422,07 dollars/mois soit 20 à 25 % du salaire nécessaire pour vivre. C’est un peu comme si vous viviez avec 20 % du SMIC, c’est-à-dire un peu moins de 300 euros par mois. Le tout en travaillant dans des conditions indécentes.
QUELS SONT LES IMPACTS ?
Le transport
Le transport ne représente que 2 % des émissions de gaz à effet de serre. En effet, il s’agit là d’articles qu’il est possible de transporter en grandes quantités et qui représentent peu de volume.
Les infrastructures de vente
Tout comme le transport, le fonctionnement des magasins n’est pas ce qui pollue le plus. Encore une fois, il s’agit de 2 % des émissions. Vous découvrez ainsi le greenwashing, qui consiste à affirmer qu'on est sobre en éteignant les lumières des points de vente la nuit.
Les matières premières
Avant de fabriquer un vêtement, encore faut-il produire la matière qui devra le composer. Il s’agira donc de la culture du coton ou de la fabrication de fibres synthétiques, par exemple. Cette étape, de production de la matière première, représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre.
La fabrication du vêtement
Le processus de fabrication est l’étape qui émet le plus de gaz à effet de serre. En effet, elle représente le reste, c’est-à-dire 66 % des émissions totales d’un vêtement ! Cela comprend : la création du fil, du tissu, les traitements chimiques ou mécaniques, etc. On comprend alors que, ce n’est pas parce qu’une marque éteint ses lumières la nuit, ou utilise des leds dans ses magasins, que les émissions liées aux vêtements qu’elle propose vont baisser drastiquement !
Les microplastiques
Lors du lavage des vêtements composés de fibres synthétiques, les machines à laver rejettent une eau composée de microplastiques qui émanent de nos vêtements. De plus, lorsque les vêtements sont abandonnés dans la nature, ils polluent les sols et les microplastiques se retrouvent embarqués lors d’intempéries notamment.
La consommation d'eau
La fabrication d'un simple jean demande 7 000 litres d'eau, celle d'un tee-shirt équivaut à 70 douches. En plus de la consommation nécessaire à la confection, il est nécessaire de laver régulièrement nos habits, ce qui consomme aussi de l'eau. Enfin, est imputée à l'industrie textile une pollution massive de l'eau avec les produits chimiques et les micro-plastiques relachés lors des cycles de lavage ou lors de la production.
Les pesticides
Il est à noter que l’industrie textile utilise de manière massive les pesticides. En effet, sur les 2,5 % de surface agricole mondiale que représente son industrie, c’est 11 % des pesticides utilisés au niveau mondial.
Une générosité pas si bienfaitrice
On connaît tous ces boîtes aux lettres si particulières : les bennes textiles ! Un cadeau empoisonné ? Elles regorgent de vêtements en tout genre. On croit souvent faire une bonne action en y apposant un vêtement que l’on ne porte plus. Cependant, ces vêtements sont revendus par ballots aux pays pauvres, sont pour la moitié inadaptés au climat local et sont donc empilés en tas, dans la nature, faute d’infrastructures suffisantes dans ces pays. Ils causent ainsi une pollution massive de l'environnement.
QUELLES SONT LES ALTERNATIVES ET SOLUTIONS ? :
- - Sensibiliser les consommateurs à consommer moins ;
- - Mettre un indice de réparabilité produit ;
- - Alternatives pour diminuer les émissions et l’impact (Mise en place de colorants biosynthétiques, développement du recyclage chimique des textiles complexes à base de polyester, etc...) ;
- - Relocaliser la production, ce qui aura pour effet d’augmenter les prix et donc baisser la fréquence d’achat des produits. De plus, en France par exemple, l’utilisation de l’énergie nucléaire ou renouvelable permettrait de baisser les émissions liées à la production, comparativement aux pays pauvres qui utilisent majoritairement des énergies fossiles très émettrices de gaz à effet de serre ;
- - Privilégier la seconde main, éviter de consommer et réparer.
LES COUTURES NE TIENNENT PAS ?
Au regard de cet article, vous comprendrez bien qu’il s’agit là d’un phénomène auquel. Il est absolument nécessaire d'y mettre un terme dans les plus brefs délais. Les marques comme Shein participent massivement à cette catastrophe humaine et climatique. En espérant que vous penserez à cet article avant d’acheter votre prochain vêtement sur un coup de tête.